Alors… C’est un article ou plutôt un message compliqué et délicat à écrire. Important, mais compliqué et délicat. Et je risque d’être un peu longue. Il faut m’excuser… Et je décide très sciemment de le publier ici aussi, bien qu'il soit du ressort de ma vie privée. D'une part, parce que d'habitude, c'est par le prisme de mon métier que j'aborde la riche et passionnante problématique de la #diversité et de l'#inclusion dans son sens le plus large, et qu'en assistant et en observant depuis quelques années certaines avancées magnifiques, j'en ai probablement oublié l'existence du #racisme primaire. Et aussi parce que ce que je viens de vivre, cette expérience-là, elle doit être dénoncée P.A.R.T.O.U.T. Parce qu'elle transcende l'intime, qu'elle relève de l'universel et que l'intolérable, il faut en parler et le dénoncer de toutes ses forces. Parce que les Tony de ce monde, on ne doit pas les laisser tranquilles. Donc. Je disais. Un message compliqué et délicat à rédiger. Mais important. Très important. Compliqué à cause de Giuseppe, l’autre serveur, qui s’excuse sans arrêt alors qu’il est parfait… à cause du sourire radieux et de l’empressement des femmes de chambre… ou encore à cause de la charmante petite Sandra, l’animatrice, toute blanche malgré sa moitié colombienne, que ma fille adore parce qu’effectivement, elle est adorable. Et du fait, donc, que je ne voudrais surtout pas qu’il se fasse de malheureux amalgames. Mais c’est important, parce qu’en 2022, ce que Tony a fait et ce qu’il est, c’est inacceptable. Tony. Quand il s’est mis à tenter de m’intimider, un soir, il m’a dit de bien me souvenir de son nom. Aucune chance que je ne l’oublie. *** J’ai 45 ans. Je vis à Paris depuis 20 ans, maintenant. Je suis née à Montréal, en avril 1977, d’un couple formidable. Une maman québécoise, très blanche et très blonde. Et un papa haïtien, très noir. Je suis Métisse. Et mon prénom à moi, c’est Marie-Christine. Le 18 août 2022, mon mari, français et blanc, ma fille, franco-canadienne et blanche, et moi, nous sommes descendus dans cet hôtel de Sicile, le #TorreNormanna, entre Palerme et Cefalu, tout contents d’y être enfin. L’hôtel aurait besoin d’une bonne rénovation - la dernière semble dater de 1982 (je ne rigole pas: les éléments de déco les plus récents sont précisément estampillés de cette année). Le jour de notre arrivée, un incendie éclate aux abords de la piscine et s’étend vite le long de l’hôtel et le personnel ne sait pas trop comment gérer. On finit tous cloîtrés à la réception de l’hôtel sans plan de secours mais la chance est avec nous et ça finit par se tasser. Notre « all inclusive » se résume à un buffet au mieux correct - comment est-il possible de ne pas mieux manger en Italie!? - et de minuscules gobelets en carton de bière ou de jus d’orange qui ressemblent plus à des échantillons qu’à de vrais verres. On nous force à acheter et à porter des bonnets de bain pour la piscine… Bref, ce n’est pas ce qu’on a connu de mieux, l